Michel Serres fait partie des premiers et des rares intellectuels officiels à s’être risqué à utiliser la Bande dessinée pour justifier un aspect d'une théorie universitaire, en l’occurrence celle que le philosophe avait rédigée à propos de « la communication ». Publié en 1972, par les prestigieuses Éditions de Minuit, Hermès II - L’interférence se proposait de démontrer dans un appendice que l’album de Tintin Les Bijoux de la Castafiore incarnait à la perfection la cacophonie que notre monde avait généré à partir d’un besoin simple : celui de communiquer.

Un philosophe plus connu que son œuvre
Si la popularité réelle de Michel Serres, invité régulier des plateaux de télévision et des studios de radio, l’a incité à modérer l’abstraction parfois nébuleuse de sa prose, notamment lors de la parution de C’était mieux avant (Le Pommier - 2017) ou Morales espiègles (Le Pommier - 2019), il reste que son essai qui évoque son interprétation des Bijoux de la Castafiore est plus souvent cité, dans les livres qui s’amusent à mieux comprendre Hergé et son œuvre, que réellement commenté. La raison en est simple : l’essai de Michel Serres n’est pas écrit dans un langage courant et accessible au plus grand nombre. Soit parce que le philosophe était jaloux de ses trouvailles, soit qu’il est passé à côté de ses propres intuitions, finalement plus érudites que géniales.
La démonstration de Michel Serres aurait pu rester sans écho, mais elle a heureusement profité d cela notoriété du philosophe qui revendiquait souvent son amitié avec Hergé pour affiner que l’œuvre de celui-ci était digne de celle d’un sociologue ou d’un philosophe ; alors qu’objectivement, et si l’on ne prend que l’album des Bijoux de la Castafiore, finalement peu de philosophes atteignent une clarté de réflexion que celle qu’il nous est donnée à lire dans les Aventures de Tintin...
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