La véritable valeur des Bijoux de la Castafiore...
Présentation du volume n°2 de notre collection
Un essai bien ciselé !
Si Hergé a souvent conçu l’élaboration de son œuvre autour de diptyques célèbres (Le secret de la Licorne & Le trésor de Rackham le Rouge ou Objectif Lune & On a marché sur la Lune), il nous paraît évident que les trois derniers albums de la série sont les trois piliers d’un seul et même projet, que nous pourrions intituler ainsi : En finir avec Tintin ?.
Parution de La véritable valeur des Bijoux : 22 mai 2025
Pourquoi une nouvelle expertise des Bijoux ?
Pour aborder cet album mythique, et tellement commenté, à partir d’un angle de réflexion inédit...
Et révéler enfin le véritable projet de cette aventure de Tintin, trop souvent réduite à une banale histoire d'oiseaux...
Les Bijoux de la Castafiore est un album à part dans l’œuvre Hergé, car si l’histoire semble banale - et elle l’est selon le point de vue de son créateur -, elle incarne un projet ambitieux, mais encore jamais révélé (qui le sera dans l’opus consacré à une relecture de cet album). Nombre d’exégètes aguerris se sont évertués à expliquer aux néophytes le sens de cet album, mais ils n’ont réussi jusque-là qu’à effleurer le problème :
- Benoît Peeters, dans Les Bijoux ravis, a parlé d’une « anti-aventure » et d’une histoire en trompe-l’œil
- Raphaël Enthoven évoque un « album infernal qui met le hasard au-dessus de la providence »
- et Michel Serres s’est bien amusé en pastichant Ionesco*...
*Michel Serres, à travers un chapitre intitulé Les bijoux distraits ou la cantatrice sauve de son essai Hermes II, cherche à démontrer que Hergé a dessiné plus qu’une bande dessinée, un véritable traité sur les dérives de la communication, ceux que nous connaissons aujourd’hui et qui engendrent toujours plus de contenus et toujours plus de non-sens.

Des oiseaux sans vol...
L'histoire racontée dans l’album Les Bijoux de la Castafiore se déroule principalement au château de Moulinsart, contrairement aux aventures exotiques habituelles de Tintin. Ce huis clos a suscité la surprise, puis la polémique et enfin la fascination de nombreux commentateurs de l’œuvre de Hergé. L'album fut considéré comme un « anti-récit » où l’intrigue secondaire (le vol des bijoux par une pie) était un prétexte pour évoquer les difficultés de communication entre les protagonistes de l’histoire. Ce n’est pas notre point de vue. Nous considérons, au contraire, que la disparition des bijoux est au cœur du dispositif mis en place par Hergé, qu’elle en est l’enjeu principal, unique, implacable et définitif.
Le sens de l'humour de Hergé lui permet de faire passer la disparition des bijoux pour un prétexte, mais soyons diplomate, et reconnaissons que Hergé n’a rien fait pour ne pas brouiller son message et qu’il s’est servi de son art du camouflage dans le but de faire passer le thème du vol de l'émeraude, où celui de la crainte de la perdre, pour un prétexte un peu ridicule. Célébré pour sa prouesse scénaristique (monopoliser l’attention des lecteurs autour d’un vol qui n’aura pas lieu), l’album des « Bijoux » doit se lire comme une fable pour comprendre que nous sommes les acteurs d’un rêve orchestré par un homme qui a grandi, qui ne fera plus de cauchemars, qui a su pardonner et faire la paix avec ses démons, ou qui a appris à vivre en leur présence en les ridiculisant
Rappeler que la Castafiore est un « Rossignol milanais » qui se comporte tel un coucou dans le nid symbolisé par le château de Moulinsart est certes distrayant, mais il est temps, après tant d’années, de révéler la véritable raison d’être de cet album. Si Hergé aborde des thèmes aussi variés que la peur de l'étranger, les préjugés, ou encore l'ambiguïté des relations entre les individus, ne nous y trompons pas : Les Bijoux de la Castafiore brille surtout par sa quête du pardon, un pardon qui trouvera son apogée dans Tintin et les Picaros, un pardon que « Le Tibet » fut incapable d’incarner, ni d’approcher...
En guise de promesse..
Relire les albums conçus par Hergé, après celui qui lui a permis de mieux vivre avec ses névroses (Tintin au Tibet), en s’accordant une liberté totale d’interprétation, et en négligeant tout ce qui a déjà été dit et écrit, c’est se donner le droit et la possibilité de se rapprocher du privilège que les créateurs, qu’ils soient littéraires, mélomanes, statuaires ou picturaux, espèrent vivre un jour de leur vie : celui qui fait de l’initiateur d’une création le spectateur de son propre travail, ou plus précisément, lorsque le produit de la pensée acquiert une telle autonomie qu’il devient évident que l’artiste est le jouet de son œuvre.

Un essai bien ciselé !
Nous vous proposons une nouvelle expertise des Bijoux de la Castafiore sans tomber dans le piège des oiseaux moqueurs ou d’un désir sexuel non assumé...
Edition collector couverture couleur !
100 exemplaires, et 101 de plus !
Suite à la parution du 1er volume de la collection, La véritable destination du Vol 714, il nous a été demandé de pouvoir profiter d’éditions exclusives. Nous vous proposons donc, à l’occasion de la parution prochaine du volume : La véritable valeur des Bijoux..., une édition numérotée et signée de la main de l’auteur. Cette version sera imprimée à 100 exemplaires (et sans un de plus...) et profitera d’une couverture en carton rigide et d’une illustration en couleurs.
Qu’on se le lise !
Des diptyques au triptyque
Si Hergé a souvent conçu son œuvre autour de diptyques célèbres (Le secret de la Licorne & Le trésor de Rackham le Rouge ou Objectif Lune & On a marché sur la Lune), il nous paraît évident que les trois derniers albums de la série sont les trois piliers d’un seul et même projet, que nous pourrions intituler ainsi : En finir avec Tintin ?.
Ainsi, dans Les Bijoux de la Castafiore, Hergé ridiculise Tintin et sa propension maladive de faire de son prochain le coupable potentiel de mauvaises actions, dès que son prochain peut lui permettre de ne pas se remettre question… Dans Vol 714 pour Sydney, Hergé explique à Tintin que le voyage le plus important est celui que doit accomplir la pensée et que toutes ses gesticulations passées à travers le monde ne lui auront pas permis de se rapprocher d’une spiritualité apaisante… Et dans Tintin et les Picaros, Hergé fait admettre à son héros que les gentils et les méchants sont finalement des êtres interchangeables.
Rendez-vous le 22 mai 2025 !

Jean Dubois est le créateur du site 7SANS14. Son projet de publier en quelques mois trois essais relatifs aux trois derniers albums de Tintin est toujours d’actualité. À quelques semaines de la sortie du tome 2 de la trilogie intitulée « En finir avec Tintin ? », il répond à nos questions.
- La parution de l'essai La véritable valeur des Bijoux est prévue pour le mois de mai 2025...
- Oui... deux mois après le premier tome consacré à l’album Vol 714 pour Sydney, nous nous attaquons à un album mythique et l’enjeu est de taille... Car s’il était facile de susciter la curiosité à propos d’un album critiqué et galvaudé par la critique officielle, il est beaucoup plus risqué de proposer un nouvel essai sur un album comme celui des Bijoux de la Castafiore...
- En quoi cela est-il plus risqué ?
- Pour deux raisons essentielles... D’abord parce que la littérature consacrée à cet album est foisonnante et que nous serons donc « attendus au tournant »... Je veux dire par là, que notre essai La véritable valeur des Bijoux a vraiment intérêt à proposer une lecture inédite de l’album de Hergé...
- Et l’autre raison ?
- Les noms qui ont consacré leur temps à commenter les « Bijoux » sont reconnus et respectés par les tintinophiles, et qu’il est donc compliqué de proposer une interprétation de cet album incontournable sans s’épargner d'égratigner au passage quelques arguments historiques... Je n’aimerais pas que l’on nous prenne pour des présomptueux un peu arrogants... Mais indéniablement, il est toujours risqué de se permettre de contredire certaines thèses qui sont, avec le temps, devenues des vérités, surtout lorsque ces vérités sont revendiquées par des figures respectées du petit monde tintinophile...
- Vous pensez à qui précisément ?
- Benoît Peeters, Jan Baetens, Michel Serres ou Jean-Marie Apostolidès... Des personnes que tout lecteur passionné des Aventures de Tintin connaît et qui ont écrit des livres qui restent de nos jours des références...
- Dois-je comprendre que votre essai La véritable valeur des Bijoux ne sera pas consensuel ?
- J’espère qu’il sera surtout passionnant à lire, que les passionnés de Tintin seront étonnés, ou même choqués, pourquoi pas... On écrit aussi pour faire réagir, provoquer des discussions... Et concernant Tintin, il y a encore tant de choses à dire...