La Syldavie, ou le Royaume du Pélican noir, est un pays imaginaire des Aventures de Tintin. Hergé s’est inspiré de pays des Balkans pour mettre en scène un royaume ouvert sur le monde, moderne et tolérant. Menacée par son voisin bordure, la Syldavie permet à Hergé d’évoquer, dans L’Affaire Tournesol, les tensions géopolitiques bien réelles de l’après-guerre.
Syldavie VS Bordurie
La Syldavie est au centre de l’intrigue du sceptre d’Ottokar, un album au cours duquel on découvre la menace incarnée par une dictature voisine : la Bordurie. Hergé semble mettre en scène les prétentions expansionnistes sans équivoque d’un pays totalitaire digne des velléités agressives de l’Allemagne nazie. La Syldavie, et son roi Muskar XII, passent alors pour une principauté pacifique et bienveillante qui doit résister aux tentatives de destabilisation orchestrées par un pays voisin et belliqueux.
Dans l’album L’Affaire Tournesol, la Syldavie et la Bordurie se disputent les faveurs du professeur Tournesol. Celui-ci, ayant inventé une arme pouvant rapidement devenir de destruction massive, est la cible de ces deux pays aux intentions pas si évidentes que cela à définir. Si l’on n’a pas de doute au sujet de celles de la Bordurie (détenir une arme lui permettant de mettre en œuvre son programme de conquête de territoires), celles de la Syldavie apparaissent plus ambiguës. Sauf, si l’on part du principe que la Syldavie a le désir de ne pas laisser l’invention de Tournesol « tomber entre de mauvaises mains » ou, comme l’affirme un adage latin : « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre).

Autopsie de L’Affaire Tournesol !
Vous pensiez profiter encore longtemps des moments de lecture de vos bandes dessinées préférées qui, selon la formule consacrée, ont bercé votre jeunesse ? Pas de chance... Le Docteur Guido n'a aucune envie de continuer de se laisser bercer.
L’ingratitude de la Syldavie
Le professeur Tournesol a permis à la Syldavie d’être le premier pays à envoyer des hommes sur la Lune. Si l’ambition spatiale est souvent déterminée par un besoin hégémonique (qui maîtrise l’Espace, domine la Terre), si la simple curiosité ne suffit pas à financer un programme de conquête spatiale, on peut tout de même s’étonner de la manière peu amicale avec laquelle les dirigeants syldaves cherchent à s’arroger les compétences et l’invention de Tournesol dans l’album L’Affaire Tournesol.
La compétition que se livrent les espions syldaves et bordures est une confrontation aux aspirations identiques : organiser la capture de Tournesol par n’importe quel moyen. Est-ce que Tournesol a initialement été contacté de manière courtoise par le roi Muskar XII ou l’un de ses conseillers ? Est-ce que le professeur a refusé de collaborer avec la Syldavie pour la création d’une arme de dissuasion ? Est-ce que le ministre des armées de Muskar XII a conseillé à son roi de tout faire pour que Tournesol ne soit pas capturé par la dictature bordure ?
On ne le saura jamais, puisque Hergé décidera qu’aucun de ces deux pays ne profitera du génie de Tournesol. Et, à l’instar de ce qu’il mettra en scène dans Tintin et les Picaros (lorsqu'il place sur un même pied la révolution d’Alcazar et le régime de Tapioca), le créateur de Tintin achèvera son récit par un statu quo pacifiste au détriment des ambitions guerrières des deux puissances.
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