Comprendre que Dalle à Tintin...

Si Tintin est au Tibet, Maxime est à l'ouest

Consacrer l’épaisseur d’un livre de 174 pages pour nous faire la démonstration que l’album de Hergé Tintin au Tibet est une histoire d’amitié est aussi ambitieux que d’affirmer que Le trésor de Rackham le Rouge est une histoire de chasse au trésor. Mais heureusement pour ses lecteurs, Maxime Dalle est modeste («Sans prétendre me comparer à Nietzsche, j’ai essayé d’écrire une généalogie de l’amitié»), sinon on serait bien capables de le prendre au sérieux. S’il est vrai que deux médias importants et réputés pour leur sens de l’humour se sont intéressés au livre de Maxime Dalle (La Figaro et Valeurs Actuelles), ne nous y trompons pas : ce nouveau livre sur Tintin est une tentative hyper sérieuse de démontrer que l’amitié est vitale, un peu comme un blouson au sommet de l’Himalaya.

Jean-René Van der Plaetsen écrit en préambule de sa critique du Figaro : « Il ne faudrait pas grandir. C’est ce que l’on se dit en refermant l’ouvrage de Maxime Dalle... » ; ce qui démontre bien qu’il a tout compris des Aventures de Tintin, puisque ce dernier ne grandit pas, malgré le temps qui passe et la succession des albums ; même si Hergé, lui, devient immense, mais ce n’est pas le sujet.

Pour revenir à Maxime Dalle, on aimerait lui conseiller de lire l’essai La véritable valeur des Bijoux dans lequel il pourrait lire cette phrase qui n’a pas besoin de 174 pages pour dire ce qu’elle pense :

• Car cessez de vous leurrer et de croire que Tintin au Tibet met en scène une histoire d’amitié : Tintin ne retrouve pas un ami dans la grotte du yéti, tenez-le-vous pour dit. Hergé nous indique qu’il a réussi un périple peu évident quand on a la haine de son enfance - des conditions selon lesquelles elle s’est déroulée, de l’ambiance au sein de laquelle elle a végété -, celui qui mène les pas d’un adulte finalement peu rancunier en direction du paradis perdu, même s’il fut occupé par des fâcheux qui en firent un endroit, selon Hergé, « tout à fait quelconque, gris et morne ».

La dissidence façon Dalle

Nous avons un point commun avec Maxime Dalle, la personne de Gabriel Matzneff nous fascine. Dans une interview de 2021, Maxime considère qu’en soutenant son écrivain préféré, à travers « plein d’actes » dont il ne peut pas parler, contre le « pouvoir médiatique, le pouvoir moral et le pouvoir policier », il a permis à Matzneff de « rester en vie » ; ce dont il est fier. Si Maxime Dalle considère que le soutien indéfectible qu’il accorde à un délinquant sexuel est un acte dissident, alors on lui conseille à nouveau de lire La véritable valeur des Bijoux , précisément le court chapitre consacré à Gabriel Matzneff, car cela lui permettrait d'en apprendre un peu plus sur son copain pédophile, qui fut justement, durant quarante ans et plus, soutenu par le « pouvoir médiatique, le pouvoir moral et le pouvoir policier »... 

La véritable dissidence, c’est Denise Bombardier qui l’a incarnée, lorsqu’elle se retrouve « seule » sur le plateau d’Apostrophes de Bernard Pivot en 1990 - à une époque ou Gabriel Matzneff pouvait vaquer à ses occupations pédophiles sous couvert de faire de la littérature et avec la bénédiction du fameux « pouvoir médiatique, du pouvoir moral et du pouvoir policier » - et qu’elle ose dénoncer le comportement de l’écrivain préféré de Maxime ; ce qu’elle paiera cher par la suite (la presse française et de nombreux libraires négligeant sciemment les livres de la canadienne courageuse qui avait osé s’attaquer à un « intellectuel » de renom et respecté...).

Mais revenons à Tintin, le seul qui nous intéresse, finalement, en citant la dernière phrase de l’article élogieux que consacre Valeurs Actuels au livre de Maxime Dalle : « Aux dernières nouvelles, ce romantique au cœur aussi pur que Tintin projeterait de s’envoler pour le Pérou à la recherche du Temple du soleil » ; afin de se permettre de faire deux remarques :